tacchi alti

Publié le par flo

  Reprise en douceur, temps printanier, un lilas anticipé s’affirme. J’atterris lentement comme toujours, laissant la bulle parallèle dans un angle de ma tête, comme une promesse. Ici sera toujours « ailleurs » mais au fond ce n’est pas si grave. Je ne suis pas la seule à vivre un dilemme géographique. Le choix est sans cesse repoussé, je n’arrive pas à savoir s’il s’agit de lâcheté, d’obligations, ou si finalement le choix n’est pas là, justement dans le balancement. Il ne s’agit pas de double vie, en réalité mais d’une vie doublée par des voix différentes et qui ne parlent pas la même langue.

  Gentiment, je remets donc mon costume de travail, des dentelles sobres et claires, des talons, du rouge sur mes lèvres. Une touche de parfum, un sac rempli de clés. Un œil sur le cadran. Le fermoir du collier. J’essaie de regarder cet appartement avec bienveillance, objectivement il est neutre et fonctionnel. Impersonnel mais suffisant pour ce que j’y fais, un lieu de passage, une pile de livres – jamais les mêmes, une vue sur la mer.

Jeune je me foutais complètement des murs, j’ai vécu dans des tas de meubles, indifférente. J’étais inquiète et un tantinet instable. Maintenant il me semble que l’idée de la maison, d’un lieu pour le retrait et la convivialité, me rassure. Ce n’est pas très original. Parfois je me surprends à rêver d’un lieu plus fixe ici (je ne parle pas de possession mais d’un ralentissement de la valse des sacs et des cartons !), une pièce (même plus petite encore) où ne passeraient des inconnus tous les étés, où je pourrais songer à abandonner quelque bibliothèque, un panier de choses intimes. Je me lasse d'un nomadisme dans traces. 

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