NOUVELLE: le sein de Juliette

Publié le par flo

LE SEIN DE JULIETTE***

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  La pluie se révélait boulier magique : un, deux, trois, quatre…     Elle longeait du doigt les gouttes, le suivi indécis, sur l’envers de la vitre.La ville s’étalait au-delà du flou, triste, grise, un fleuve dont elle avait oublié le nom charriait des remous effrayants. Quelques semaines auparavant, un soir entre deux gorgées de rosé et de rires, un voyage avait été décidé. Elles étaient trois et s’appréciaient beaucoup, se voyaient le vendredi soir et riaient à gorges déployées. A gorges dénudées plutôt, des filles à l’aise dans des corps jeunes, séductrices en diable et très amusantes.

Des amies.

 Donc on avait dit Vérone pour toucher le sein de Juliette, geste qui rendait les amours heureuses. C’est du moins ce qu’affirmait Isa, très sûre de la légende. Elles en avaient besoin toutes trois. Des boulots fixes, plus ou moins bien rémunérés, des enfances dans des endroits éparpillés, mais des enfances sages, des appartements minuscules, elles avaient des points communs et s’étaient rencontrées dans un stage de danse…

Marie était la plus menue, la plus sensible aussi.

Et maintenant elle était là, la chambre d’hôtel était austère et froide. Trop grande pour elle, deux lits baillaient de désertion, draps pliés et couvertures rigides. Les autres l’avaient abandonnée. Bien sûr le mot était un peu fort, la rancune injuste, mais tout de même, le duo lui manquait et en écho au bombardement du ciel, des tâches d’eau, rondes glissades, s’éparpillèrent sur la moquette. Marie n’aimait pas ce matin hagard dans une ville étrangère. Elle décida de sortir, envoya un message à ses comparses, le même, une gémellité, un lamento :

  « Traîtresses, je m’ennuie sans vous, les Italiens sont même pas drôles … »

Elle s’en voulut de les inquiéter, ajouta un envoi moins culpabilisant.

  « Mais Vérone, c’est beau. »

  C’était vrai. La place des Herbes avait ce charme des choses mouillées qui s’ennuient. Les passants à cette heure dominicale étaient rares et silencieux, des hommes lisaient le journal, concentrés, debout dans les bars, ça sentait très fort le café. Mais elle n’avait pas envie de s’arrêter, elle n’aurait pas su quoi faire de ses mains et de son regard une fois la tasse avalée. Les brioches étaient tentantes mais… non, elle avança d’un pas décidé. Ses chaussures glissaient un peu sur les dalles, elle se mit à imaginer un menuet mental entre les flaques.

« Lei è bella, Lei è una ballerina », murmura un croisé en chemin.

 

 

Elle haussa les épaules, sourit, il avait juste fait la remarque, ce n’était pas une stratégie d’approche, simplement une constatation qui méritait d’être prononcée. Elle avait perçu ici, immédiatement, ce rapport à la beauté qui n’était pas forcément une drague féroce et acharnée. Hier, en haut du campanile, un autre l’avait rejointe - et elle sur ses gardes, déjà presque agressive- pour lui dévoiler le paysage, comme s’il l’avait peint de ses mains, dans un effort intentionné. En italien il avait nommé les endroits, s’était approché, avait beaucoup souri, l’avait saluée et s’était éclipsé. Elle n’en était pas revenue. Il savait qu’elle ne parlait pas sa langue (elle avait bêtement un guide français à la main), il avait voulu partager le crépuscule très doux, un peu terne mais très doux d’avril. Et c’était tout. Il avait glissé en partant comme une carte de visite anonyme :                             

   « Verona è una bella città, ma Lei è una bella ragazza ».

Pas besoin d’avoir fait des heures de latin pour capter le message… Curieusement cette façon légère de vanter sa grâce (elle ne se sentait pourtant pas belle, tout au plus charmante) la grisait et n’alourdissait pas la rencontre.

  Elle poursuivit les ruelles, au hasard, suivit une mémé pendant un moment, attendrie par ce foulard noir qui lui rappelait sa grand-mère, la dépassa sans se retourner. Elle aimait imaginer que le visage était celui, rassurant, de son aïeule tant aimée .Elle passa des ponts, entra dans des églises à l’heure des cérémonies, traça un rapide signe de croix, par habitude plus que par conviction, s’envola au fil des orgues, regagna la rue plus vive. Il avait cessé de pleuvoir.Les gens sortaient maintenant, des poussettes qui braillaient, des hommes en costumes bien coupés, des femmes sur des talons perchés (mais comment faisaient-elles sur de tels pavés ?). Elle ne connaissait pas l’Italie, à dire la vérité elle ne connaissait pas grand chose. C’est pour cela que malgré la défection de ses amies, elle avait par bravade, par curiosité choisi « d’y aller quand même ».

  « Toute seule !, s’était étranglée sa mère au téléphone comme si elle partait au Nicaragua s’engager dans une armée rebelle.

  - Maman… je pars à Vérone, tout va bien se passer, t’inquiète pas. »

Elle se demandait qui elle cherchait à rassurer.

  « Mais tu ne parles même pas italien !

  - Mais maman, c’est l’Europe, c’est une ville touristique, ils sauront bien me comprendre, quelques mots au moins…

  - Fais bien attention à ton sac, ma chérie, on ne sait jamais. »

 Elle avait toujours cinq ans. Parfois elle s’agaçait et puis souvent elle aimait bien qu’on s’inquiète pour elle. Son père avait davantage confiance en ses capacités mais voilà, il était mort, et les mots apaisants qui la propulsaient lui faisaient défaut, maintenant. Elle cherchait le reflet paternel dans des hommes plus âgés qui la gâtaient souvent comme une petite fille et se lassaient vite de ne désirer qu’une poupée.

Marie manquait singulièrement d’assurance.

  « Tu es trop gentille, les hommes n’aiment que les garces, les jambes gainées de bas de soie, les rauques acquiescements susurrés…vous voulez que je vous montre ? »

Isa mimait merveilleusement les femmes fatales aux longs cils, elles en riaient mais au fond devinaient que c’était un peu vrai. Mais elles étaient trois tendres, trois poules mouillées, trois gamines rêveuses. Forcément elles en bavaient.                         Pourtant la plus jeune avait renoncé au dernier moment à leur projet pour suivre un type sans intérêt. Enfin pour elle il en avait, mais les deux autres avaient hoché la tête, accablées…

« Quel con ! »

Elles avaient ri parce qu’elles l’avaient dit simultanément, dès que le nouveau couple si mal assorti avait passé la porte de la sortie. Léa avait tenu à leur présenter sa nouvelle conquête, elle en était folle :

  « Il est musclé, vous verrez, une vraie bête... »

En effet, un rustre, avaient soupiré les deux autres… Elles avaient regardé leur gracieuse amie sortir, au bras rugueux de ce râblé, les sourcils épais froncés de virilité et la nuque bovine.                     Elles avaient cette qualité, rare chez les femmes, de ne pas être jalouses des amours des autres et de ne pas se sentir trahies quand l’une ou l’autre manquait aux rendez-vous, happée par un courtisan changeant. Il faut dire que le hasard faisait en sorte qu’il n’y ait jamais d’esseulées. Elles tombaient à tour de rôle dans les rets des garçons, restaient fidèles à des heures ensemble, se racontaient tout à voix basse dans des salons de thé, sur des terrasses, sous l’oreille gourmande de quelques attablés… Elles oubliaient parfois la discrétion, emportées par les conversations et on pouvait sourire ou se choquer de tant de précisions. Elles étaient jeunes, elles étaient gaies et rien n’était très grave au fond. Quand elles pleuraient un lâche, elles reniflaient rarement très longtemps, la vie dure une éternité et on en verrait d’autres.

    Vérone offrait des quartiers changeants, des venelles paresseuses, des places traversées de vie joyeuse, des berges langoureuses où d’éternels amoureux enlaçaient leurs doigts, leurs langues et une vague mélancolie.

Elle regarda son téléphone, les filles lui avaient répondu des messages d’amitié, chaleureuses et amusées... Sa mère avait laissé deux appels en absence.Elle était là pour trois jours encore et se demandait bien ce qu’elle en ferait. La ville n’était pas immense et les activités prévues en groupe : resto, soirées branchées, paresse dans un parc, musées… la tentaient peu, maintenant qu’elle était seule. C’était non seulement la première fois qu’elle partait en solo mais—elle s’en rendit compte à cet instant—la première fois qu’elle restait seule quelques jours entiers.

Une frayeur l’immobilisa. Un monsieur d’un certain âge, raide et sombre, posa une main bienveillante sur son bras :  

 « Va tutto bene , signorina?

  - Oui, oui, merci, heu... gratsié », elle bredouillait, consciente d’être ridicule.

Il poursuivit sa route après avoir comme tendrement tapoté sa main. Elle inspirait ce sentiment de réconfort, sa taille gracile, ses épaules menues, ses yeux clairs, comme emplis sans cesse d’innocence, attiraient la douceur, immanquablement. Parfois elle rêvait de grands changements, porter des vêtements outranciers, fumer des joints, enfiler des chaussures pointues et des airs courroucés… Attiser des désirs de luxure et de sauvagerie…Mais quand elle s’habillait de noir, elle se faisait l’effet d’un parapluie replié, une chose froissée pas très impressionnante.
Elle remettait dare-dare ses jupettes à fleurettes et des ballerines allégées. Et ainsi elle plaisait aux gens, aux enfants, aux mémés, aux hommes réconfortants.On n’en sortait jamais.                                                                                                   Elle avançait toujours, puis posa ses réflexions sur un banc, s’ennuya un instant.

  Un type glauque, et qui sentait pas bon, s’assit à côté d’elle. Elle ne voulait pas le vexer et quitter précipitamment le siège, regarda aux alentours. Le lieu était désert, c’était l’heure des repas en famille, on entendait des fenêtres bées des éclats de plats et de voix. Ces bruits bien vivants étaient rassurants.

  « J’ai besoin d’argent, file ton fric ! »

Il parlait un français parfait avec un léger accent qu’à d’autres moments elle eut trouvé charmant.

  « J’en ai pas, sa voix ferme la surprit elle-même.

  - Ah oui ? Une touriste qui laisse tout son argent à l’hôtel ? »

 Il y avait dans ses inflexions comme une immense lassitude.

  « C’est mon mari qui a tout, il est parti faire un tour… », elle désigna vaguement une rue un peu plus loin… et ajouta :

  « J’étais fatiguée, je voulais me reposer un peu…

  - Hum, mademoiselle est mariée ? et … elle n’a pas d’alliance ! Très chère, quel oubli fâcheux ! »

Le ton était cette fois plus agressif, il fixait ses mains pâles d’un air rongé.

  « On s’est marié à la mairie…

  - Et alors ?

  - En France, quand on se marie juste à la mairie, on n’est pas obligé de porter une alliance … »

Qui peut être assez bête pour inventer des histoires pareilles ?

  « Tu me prends vraiment pour un con, file ton sac, j’te dis !

  - Non.

  - Il faut que je sois méchant ?

  - Non, je n’ai pas d’argent. »

Mentalement elle énumérait tout ce qu’il y avait dans sa besace. Elle n’avait en effet pas pensé à laisser les objets les plus précieux à l’hôtel et avait tout embarqué, naturellement. Curieusement les choses ne se précipitèrent pas, ils restaient là tous les deux, sagement, sur le banc qui faisait face au fleuve ; une voiture passa à folle allure, puis quelques cyclistes, nonchalamment.                                                                          Ils se taisaient, comme pris en faute. Elle se demandait ce qui l’engluait là, pourquoi elle ne détalait pas en hurlant. Il y eut du temps, pas mal de temps, et un lourd silence. Il se tourna vers elle, goguenard :

  « Ton mari, il revient pas.

  - Non.

  - Il en a peut-être trouvé une autre moins conne.

  - Oui, peut-être… »

Elle soutint son regard, imperturbable.

  « File ton sac ou je te le prends de force !

  -Dis moi, tu parles drôlement bien français ! »

Elle contemplait maintenant presque tristement le fleuve.

  « Essaie pas de me niquer avec tes compliments à la con, file ton sac, je le répèterai plus.

  - Tu peux pas changer de refrain ? T’es vulgaire !

  - Je vais finir par te faire mal ! »

Il devenait menaçant, elle remarqua que ses yeux étaient rouges, ses pupilles un peu dilatées. Elle haussa les épaules, sembla peu concernée.

  « Tu te drogues ?

  - J’t’emmerde, t’es de la police ?

  - Nan, je suis infirmière…

  - Et alors ?

  - Alors rien … »

  Une nouvelle fois, elle resta un moment sans rien dire, comme butée dans ses pensées. Elle n’avait jamais été menacée de sa vie, jamais. Son existence protégée, son métier médical dans un service pour enfants, son appartement dans un coin tranquille de la ville. Des parents protecteurs. Une vie ouatée. Alors elle n’avait pas cet instinct de victime, des replis de giflées, elle n’avait pas spécialement de courage, juste aucune conscience précise du danger.

  « Pourquoi t’as pas peur ?

  - Je sais pas.

  - J’ai besoin de fric, je suis capable de tout.

  - Je me doute, j’ai fait un stage sur les camés, récemment…

  - Ma mère est de Grenoble, j’ai passé mon enfance là-bas, et puis… j’ai voulu faire mes études en Italie. Ici, y’a mon père. Mais il s’en fout de moi, on est des étrangers, tu comprends ? J’ai pété un câble et maintenant j’ai besoin de fric et t’es pas très coopérative…

  - Tu veux combien ? J’ai pas grand chose, c’est mes premières vacances en Italie, mes copines m’ont plantée, je m’ennuie…

  - Ah…

  - Ouais, tu veux combien? Tu sais, c’est vrai que je suis pas mariée...

  - J’avais compris, t’as pas une tête à être mariée de toute façon…

  - Ah bon ? Pourquoi tu dis ça, c’est pas sympa…

  - Nan, c’était un compliment ! Tu viens ? On s’arrache, c’est moche ici, je t’emmène faire un tour.

  - Pour m’égorger plus tranquillement dans un coin paumé ?

  - Ouais c’est ça... t’es vraiment conne en fait!

Ils riaient… Ils marchèrent longtemps et se parlèrent vraiment. Elle découvrit qu’on peut avoir des vies décousues avec des fils qui font mal à chaque pas. Elle le savait bien sûr mais n’avait jamais rencontré un accidenté, un gamin tout bosselé. Elle ne connaissait que les maladies qui tenaillent les entrailles, qui dérivent les vies, les existences fracassées entre les lits blancs. Elle se montrait maternelle, fraternelle avec ce gars qu’elle ne connaissait pas.

  « T’as pas envie de baiser ? On file à ton hôtel et on se paye un peu de bon temps ? »

Elle sourit comme elle faisait aux tout-petits capricieux, explosa d’un fou rire qu’elle lui communiqua.

  « Ouais t’as raison, c’est ridicule… Il baissa la tête, vaguement contrit. Tu repars quand ?

  - Mardi…

  - Tu me fileras un peu de fric ? Ce qu’il te reste…

  - Oui.

  - J’ai souvent envie de rentrer en France. Tu vas rire, mais ce qui me manque le plus, c’est le camembert ; tu sais quand il est coulant et qu’il pue et ...

  - T’emballe pas, je sais ce que c’est que du camembert, je t’en enverrai un, si tu veux, un qui pue vachement fort ! »

Il souriait toujours, elle pensait aux gamins qu’elle soignait et se dit que les jeunes hommes pouvaient garder aussi cette extrême acrobatie peinte sur les lèvres, un abîme de douceur, une faille.

  « T’as quel âge ?

  - Vingt-cinq, et toi ?

  - Vingt- neuf…

  - Ah t’es vieille !

  - Bof, nan pas trop… »

 

Ils ne se quittèrent pas, se lâchant seulement aux aubes claires pour se retrouver au petit jour, hagards de manquer de sommeil. Ils dormirent dans les jardins publics, allèrent à Mantoue, qu’elle adora. Un château au milieu de la ville… c’était féerique ! Il se moquait beaucoup de ses émerveillements. Elle répondait aux SMS de ses amies par des phrases sibyllines et sut qu’elle ne leur raconterait jamais le fin mot de l’histoire.
Elle payait tout, il se goinfrait dans les restaurants, s’éclipsait par moments. Elle ne savait pas s’il se droguait ou pas, il pouvait même avoir le sida, une hépatite…Cette idée la dévorait. Il lui apprenait l’italien, ils marchaient longtemps jusqu’aux périphéries des villes…

 Le lundi soir arriva inévitablement, elle lui tendit l’argent qui restait, quelques billets sauvés, pas grand chose. Il regardait ailleurs et ne put pas la remercier. Il s’enfuit. Ils ne connaissaient l’un de l’autre que l’enfance entière et des prénoms.

   A l’aéroport, aux arrivées, ses deux fidèles l’attendaient. Elles avaient culpabilisé, elles s’étaient angoissées, elles lui apportaient, l’une le récit de ses amours avec le chasseur brutal, l’autre des repentirs de condamnée aux réunions familiales auxquelles elle n’avait pas su se dérober et où elle s’était ennuyée « comme un     rat » !

  « J’aurais dû partir avec toi… »

Elle ne répondit pas, laissant l’autre stupéfaite et vaguement vexée.

  « Dis donc toi, tu nous caches quelque chose… un bel Italien ?? »

Elles la pressaient, elles l’oppressaient. Elle se dégagea un peu brutalement.

  « Ce que vous pouvez être bêtes, y a pas que le cul dans la vie ! J’ai adoré les villes, l’Italie, j’ai caressé le sein de bronze de Juliette, c’est tout !

  - Allez raconte…

  - Vérone est une ville formidable, Mantoue – on dit Mantova en Italien, est plus belle encore…

  - Et… ?

  - Et rien. J’ai visité, voilà, on partira ensemble la prochaine fois ; ne me faites plus le coup…

  - Promis, juré. »

Elles crachèrent à terre et cela la fit rire, le monde pouvait reprendre le cours des futilités. Les histoires d’amours superficielles, les horaires de travail, les plantes à arroser, sa mère. A propos, elle l’avait oubliée et les messages se succédaient, de pleurnichards à presque menaçants.

  « Maman… ?

  - Mon Dieu, mon enfant, que s’est-il passé ?

  - Le téléphone ne passait pas, j’ai eu un problème de réseau…Tu sais bien que de l’étranger c’est plus compliqué. 

  - Mais… —la voix était très haut dans les aigus— ils n’ont pas de cabines de téléphone là-bas ? Dans ton hôtel ? Tu ne m’avais même pas donné son nom ! J’ai cru mourir de désespoir !

  - Maman, calme-toi enfin, tout va bien maintenant.

  - On t’a volé ton sac, c’est ça ? Tu n’oses pas me le dire ! J’en étais sûre, je le  sentais !

  - Non maman, on ne m’a rien volé…

  - Je ne veux plus que tu partes si loin, toute seule, tu vas me faire mourir. J’aurais dû venir avec toi…

  - On ne meurt pas pour si peu, tu sais. La prochaine fois, elles ont juré, je pars avec les filles. »

  La semaine se déroula dans une ambiance cotonneuse, elle avait envie de changer de vie, comme toujours quand on se frotte à différent, elle trouvait son monde clos, un vase sans communication, un bocal rond. Les hommes qui la courtisaient avaient soudain trop de ventre ou de rides, trop d’argent, trop de bras pour l’envelopper… Sa mère était insupportable et se remettait difficilement de « cette épreuve ».Pourtant au fond, Marie cherchait encore la sécurité, les divans, les lieux aseptisés, les conforts. Elle savait qu’on se résout difficilement aux rudesses, que la pente qui descend doucement est plus veloutée que les sentes abruptes.

Elle ne savait pas, elle ne savait plus qui elle était vraiment.

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